Il y avait du monde …

21 mai 2019

 

Il y avait du monde vendredi 17 mai dernier à 18h, au chantier naval Marin …

Malgré les grains, le chantier naval Marin à Ciboure était bien rempli vendredi dernier à l’invitation de l’association Trois-mâts basque et du chantier naval Marin. Deux semaines après une première réunion publique d’information sur ses projets à l’auditorium Ravel, déjà très bien accueillie, l’association Cibourienne organisait un événement qu’on avait plus vu le long de la Nivelle depuis quelques décennies : la pose de la quille d’une embarcation de 14 mètres !

Alba, tel est son nom, est la réplique d’une chaloupe à vapeur construite en 1907 par le chantier Letamendia. Ce chantier familial cibourien était connu pour fabriquer des chaloupes sardinières à vapeur suivant la technique des membrures ployées. Pour autant, aucun de la cinquantaine de bateaux construits n’a jamais été identique aux autres car chaque pêcheur, chaque armement demandait à personnaliser son unité.

L’association a choisi de reproduire la deuxième des quatre « Alba » construites par ce chantier car, l’hiver, elle servait à pêcher la sardine alors que, l’été, elle emportait des touristes au travers de la baie et remontait la Nivelle jusqu’à Ascain et même Saint-Pée-sur-Nivelle. De quoi faire le lien entre l’histoire de la pêche Luzienne, que l’association souhaite mettre en lumière, et le transport de passagers à laquelle la réplique est vouée.

Trois-mâts basque a confié le soin au cabinet d’architecture navale Yacht Concept – qui a assuré le suivi des dernières années de construction de l’Hermione à Rochefort – de préparer et d’adapter les plans de la chaloupe pour répondre aux normes actuelles de sécurité et de stabilité. Dans son petit discours, Boris Solin a compté l’anecdote de la confrontation amicale des méthodes modernes du cabinet d’architecte à l’expérience de la famille Marin : les calculs des ordinateurs ont donné raison à la tradition ! Ou était-ce l’inverse ?

La construction d’Alba a débuté fin janvier au chantier naval Marin. Après avoir raconté l’histoire du chantier familial créé par son arrière-grand-père en 1937 et dont il a pris la tête il y a quelques années, Julien Marin, entourés par son père, ses oncles et l’employé du chantier, a présenté la quille imposante qui avait été dressée dans la première partie du chantier. Pour mieux se rendre compte de l’enveloppe de la future embarcation, il avait disposé les principaux gabarits des couples (la forme des coupes transversales du bateau) tout au long de la quille dont le minium orange vif était encore frais.

L’ensemble n’a pas manqué d’impressionner l’assistance, par sa taille d’abord puisque les 14 mètres de l’embarcation font sensation, mais également par l’aspect massif et imposant de la quille.

Outre la présence du Chœur des marins Adour-Océan venu nombreux animer amicalement la cérémonie, celle-ci a notamment été marquée par l’insertion d’une médaille à l’intérieur de la quille comme le faisaient les anciens autrefois. Julien Marin et l’association tenaient à respecter la tradition. C’est donc Eneko, le fils de Julien Marin, qui a été chargé de cette tâche très symbolique. Après que Julien a hissé l’étambot avec un palan dans un cliquetis qui a imposé le silence de l’assistance, l’adolescent a glissé sa main dans l’interstice libéré et déposé avec beaucoup de soin cette médaille en or préalablement bénie par Mikel Epalza, l’aumônier des marins. Puis l’étambot a été remboité dans son emplacement et scellé définitivement avec des chevilles martelées avec puissance par Julien.

Cet événement marque symboliquement le début du chantier d’une construction prévue pour durer deux ans. Bien que le chantier ne soit pas ouvert au public, Julien Marin et l’association Trois-mâts basque présenteront régulièrement sur le site internet www.troismatsbasque.org l’avancée de la construction et plus concrètement lors des prochaines journées du Patrimoine (21-22 septembre) …

Trois-mâts basque est une association loi 1901 qui a pour objets la construction d’« Alba », la création et l’exploitation d’un espace animé scénographié « Biscaye Etchea », la construction d’un trois-mâts goélette dans le cadre d’un chantier spectacle, réplique de « Biscaye » construite en 1878 à Bilbao et exploitée notamment par l’armement Bayonnais Vidard et Légasse, et enfin les navigations à bord des deux bateaux pour les visiteurs, des stages d’apprentissage à la manœuvre, des croisières et des actions de bienfaisance.

Merci aux différents photographes.